GAILLAC cité millénaire
Située à 30 minutes de Toulouse (par l’A 68) et à 25 kilomètres d’Albi, Gaillac a bâti sa renommée sur le vin auquel elle a donné son nom. Qu’ils soient rouges, moelleux ou perlés, les vins AOC de Gaillac honorent depuis des siècles les palais les plus fins. Ceux qui souhaiteraient percer toutes les subtilités des crus gaillacois, peuvent se rendre à la Maison des vins qui propose tout au long de l’année des séances de dégustation et d’initiation à l’oenologie.
Gaillac est une cité millénaire. Et, qui sait, peut-être plutôt deux fois qu'une. Si l'on peut dater de 972 sa naissance avec le développement d'un véritable bourg autour d'un monastère bénédictin dont l'autel fut consacré cette année là, l'existence d'une " villa " très antérieurement, à l'époque gallo-romaine, est avérée. Ainsi, la mention de Gaillac, ou " Galhac " selon la désignation médiévale, figure déjà en 654 dans le testament de Saint Didier, évêque de Cahors, qui lègue alors à son église épiscopale plusieurs villas dont il était propriétaire en Albigeois, parmi lesquelles celle de Gaillac.
Dès le début de notre ère, ici, le travail de la terre s'est orienté vers une polyculture où la vigne prédomine, sur les deux rives du Tarn, notamment sur les coteaux qui, à l'Ouest, mènent jusqu'au plateau cordais. Lorsque des bénédictins fondent le monastère " Saint Michel ", vers 950, ils définissent alors les terrains les plus propices à la production du vin, déploient un remarquable savoir-faire dans l'organisation d'un trafic commercial sur la rivière, et creusent un important réseau de caves. Ils créent ainsi les conditions d'une première prospérité viticole de la cité. Produit à la croisée d'itinéraires marchands, le vin descends le Tarn puis la Garonne vers le port de Bordeaux et part conquérir la France et l'Europe du Nord. Signe de reconnaissance, une charte, signée au XIIIème siècle, garantit la qualité des vin blancs locaux en définissant des normes de production (choix des terroirs, sélection des cépages, la qualité des bois de fût).
Berceau de fortes et riches personnalités après avoir été touchée au coeur par les soubresauts de l'histoire, Gaillac a ainsi
mille ans et plus. Amorçant un nouveau cycle d'expansion en cette fin de XXème siècle - elle est devenue la quatrième commune du Tarn, avec plus de 11 000 habitants, après le recensement de
1999 - elle avance sans avoir trop a souffrir des balafres du passé. Si ses fortifications ont été pour l'essentiel détruites lors de la Révolution, si sont premier pont élevé en 1257 sur le
Tarn n'a pas passé le XIVème siècle -l'actuel pont Saint Michel date de 1930 - les étapes de son développement demeurent lisibles grâce à la préservation de son centre ancien et de beaux
édifices, pour certains devenus publics, édifiés progressivement depuis le premier développement du commerce viticole.
Comme une vigie, en surplomb
du Tarn, l'Abbaye Saint Michel veille sur la cité. Dans le dédale des rues étroites qui dessinent la couronne du Gaillac historique, de vastes demeurent de briques, hôtels et tours des périodes médiévale et renaissance,
témoignent de la prospérité initiale. Le château et le parc de Foucoult donnent à la ville ses airs toscans. Et la vaste esplanade sur laquelle donne l'Hôtel de Ville, caractéristique de
l'architecture du second XIXème siècle, signale, pour l'heure, l'ultime grande modification urbanistique de la ville.
Gaillac, un des plus anciens vignobles de France |
La vigne amenée en Provence autour de l'an moins 600 par les Phocéens, a progressé vers la Narbonnaise, puis avec les Romains en l'an moins 125 vers l'Aquitaine.
Gaillac est la première étape de cette marche à l'ouest qui n'atteint le Bordelais qu'après avoir conquis les divers vignobles du Sud-Ouest, appelés longtemps les vignobles du Haut Pays.
Montans, la ville voisine de Gaillac, fut au 2ème siècle un grand centre de poteries. On retrouve des traces d'amphores depuis le sud de l'Espagne au nord de l'Ecosse, témoins que les vins de Gaillac s'exportaient déjà au delà des mers après avoir descendu le Tarn et la Garonne.
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La ville de Gaillac est née en 972. A partir de ce moment, le vignoble prend son essor avec la fondation de l'Abbaye Saint-Michel. Grâce à l'esprit des ordres religieux, à l'accumulation des ressources et à de judicieuses et patientes sélections de cépages, les moines Bénédictins parvinrent à obtenir des vins de choix destinés aux Sacrifices Eucharistiques, aux Rois, et aux grands personnages du Royaume. |
En effet: en 1221, les Consuls publièrent le Ban des Vendanges, preuve de la recherche et du maintien de la qualité des vins en 1253, Henri III, Roi d'Angleterre, se fit envoyer 20 barriques des vins de Gaillac. Trois siècles plus tard, Henri IV perpétua la tradition. Puis, tout naturellement, la commercialisation des vins de Gaillac se tourna vers l'ouest en empruntant la voie principale de communication, le Tarn. |
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La recherche constante de la Qualité
Dans le contexte du grand marché bordelais des "vins de coupage", Gaillac a toujours veillé à ne pas perdre complètement son
identité en obtenant souvent diverses dérogations. Ces documents citent régulièrement Gaillac, Lisle et Rabastens car leurs disciplines locales étaient très strictes (marque à feu, interdiction
de rentrer des vins 'étrangers', ban des vendanges, etc. ...).
Le vin était de si bonne qualité, par la loyauté même des Consuls et des Marchands de l'époque, que le commerce était florissant:
«Aussy, tous les jours, on voict merchantz.
Pour l'achepter qui le descendent par la rivière vers Bourdeaux,
pour de là l'apporter en Angleterre, Ecosse , Flandres et austres pays fort éloignés.»
Le vin était célébré officiellement dans le pays depuis la création du "Rey de la Poda", en février 1529. Il s'agissait de couronner le vigneron le plus habile dans la taille qui conditionne le bon développement de la souche. Cette tradition s'est perpétuée jusqu'en 1789.
La concurrence s'intensifie
Malgré les édits royaux destinés à faciliter le commerce des vins de Gaillac à Bordeaux jusqu'à la Révolution, des difficultés persistent. La concurrence acharnée est un frein pour l'évolution du vignoble de Gaillac.
Néanmoins, le négoce continue et à la fin du 18ème siècle, les transactionsdeviennent difficiles malgré la haute tenue et la qualité des vins de Gaillac.
Le vignoble au 20ème siècle
Ainsi, au cours des mille et unes vendanges, le pays gaillacois a vécu au rythme des joies et des peines des vignerons. La terrible crise du phylloxera à la fin du siècle dernier n'a pas entamé la ténacité des Gaillacois dans la recherche constante de la qualité:
1922 : délimitation de l'Aire d'Appellation Gaillac au Journal Officiel
1938 : le décret d'Appellation d'Origine Contrôlée est obtenu pour les Gaillac blancs
1970 : le décret
Contrôlée est étendu aux Gaillac rouges et rosés.
Et puis, comme il fallait un signe, une image de marque (comme au Moyen-Age) du vin de Gaillac, il fût créé la Bouteille Gaillacoise tant pour les rouges
que pour les blancs. Véritable signe de ralliement, cette bouteille est réservée seulement aux vignerons mettant en bouteille leurs vins dans l'aire d'Appellation Gaillac.
Comme l'histoire veut une fin heureuse en fin de ce siècle, l'Abbaye Saint-Michel est de nouveau redevenue le centre de coordination du vignoble. Elle abrite
désormais la Maison de la Vigne et du Vin et renoue avec le riche et heureux passé du vin.